Films plastiques qui boostent la récolte des asperges
Les films plastiques sont à la base de gains de précocité et de rentabilité très importants. Leur multiplication offre de nombreuses combinaisons qu’il faut manager. Leur usage a aussi un coût, de plus en plus important, qu’il faut aussi maîtriser.
L’utilisation des films de couverture plastique a fait entrer la culture de l’asperge verte et blanche dans une nouvelle aire. Dans les années 1980, quelques microns de plastique transparent thermique ont d’abord réchauffé plus rapidement le sol pour gagner en précocité, puis la généralisation des plastiques à ourlets noir/blanc dans les années 2000 a profondément modifié les techniques de production. Aujourd’hui, l’utilisation des arceaux et la combinaison des plastiques permettent le management de la production en fonction de la météorologie, des créneaux de production visés, de la disponibilité en la main d’œuvre et des prix du marché. C’est la raison pour laquelle les films plastiques boostent la récolte des asperges.
Une « plage de température de confort »
Mais l’utilisation des films plastique est d’abord un moyen d’améliorer les rendements d’une aspergeraie. Selon les données compilées par Christian Befve, consultant asperge. chaque plastique et association de plastique apporte un gain de production. Les films plastiques spécifiques asperges vertes et blanches, Daiosplastics, Reyenvas, Gauget, Europlastic agissent d’abord sur la température du sol. L’élévation de la température dépend de la température ambiante mais surtout de l’ensoleillement et de l’intensité lumineuse qui passent à travers les paillages thermiques. La température est un élément déterminant de la croissance l’asperge blanche ou verte. Les données physiologiques indiquent que l’asperge se réveille lorsque la température atteint 11° à 10 cm en dessous du plateau racinaire pour les variétés précoces (Darlise, Vitalim etc), à 12° pour les variétés de moyenne saison et 13° pour les variétés tardives. La température a également une influence directe sur la productivité de l’aspergeraie. En début de saison un degré Celsius gagné à partir du réveil de la plante permet de récolter 30 kg/ha/jour en plus, en milieu de saison ce sont 10 kg/ha/jour;
À partir de 25° (10 cm en dessous du plateau), baisse de rendement de l’ordre de 10% et au dessus de 35° casi 0 activité de production.
Pour les asperges vertes, le paillage plastique thermique et transparent posé sur Arceaux.
La température dans la butte est très importante pour la croissance de l’asperge verte ou blanche, pour la quantité récoltée et la qualité des turions. Selon les données établies, l’asperge doit-être dans une « plage de température de confort », entre 18°C à 20 °C à 20 cm sous le haut de la butte. En dessous, l’asperge pousse peu. Au-dessus, les problèmes de qualité du turion apparaissent (rosissement, fleurissement). Les données fournies par Engels Machines démontrent qu’il est possible de réguler la température de la butte en manageant les différents plastiques et leur positionnement. Le management des plastiques est conduit en fonction de la température de la butte. Cette gestion est soumise à différentes influences et selon différents objectifs : recherche de précocité, réduction des pics de production, étalement de la production, régularité de la qualité … meilleure gestion de la main d’œuvre.
Films plastiques boostent la récolte des asperges, voici les différentes configurations.
L’augmentation de la température dans la butte est liée au rayonnement qui atteint la butte. Celui-ci peut être modulé de différentes manières. Engels Machines a ainsi défini 6 combinaisons d’installation de trois films de paillage pouvant influencer l’augmentation de température dans la butte. C’est pourquoi les films plastiques boostent la récolte des asperges. En prenant comme base 100 pour la configuration mini-tunnel + plastique noir, le graphique 2 montre un gradient décroissant de l’effet thermique de différentes combinaisons. On peut noter que dans tous les cas la face blanche réduit le plus l’effet thermique de l’ensoleillement. Mais on ne peut pas dire qu’elle refroidit la butte. Ce management des différents couvertures plastique peut se réaliser lors de la récolte avec des machines d’assistance sans supplément de temps de travail. La régulation de la température dans la butte demande une anticipation en observant la température dans la butte et en tenant compte des paramètres climatiques à venir (température, ensoleillement, pluie…). Ainsi, Engels Machines a défini des critères de management et propose un service de gestion des plastiques. Il montre qu’il est possible de modérer la température de la butte dans la zone de confort de la plante, 18° à 22 °C, en jouant sur les différentes configurations des films (voir Graph 3). Selon Tom Smolders de Engels Machines, qui a travaillé à établir ces données, une température plus stable sur 24 h réduit le pourcentage de tiges creuse. Ce problème qualitatif apparaît lorsque l’écart de température entre le haut de la butte et le plateau racinaire est supérieur à 4°C. Les différents films plastique ne servent pas qu’à gagner en précocité. Sur une variété tardive (ex Backlim) il est également possible d’utiliser une combinaison de film performante pour grouper la production et limiter la période récolte afin d’allonger la période de végétation de la plante. C’est la raison pour laquelle les films plastiques boostent la récolte des asperges vertes et blanches.
Des « solutions de compromis » entre précocité et utilisation.
Devant l’importance stratégique des films plastiques, les fabricants ont élargi leur gamme avec des films de plus en plus spécifiques et de plus en plus techniques. L’épaisseur des films est en train d’augmenter avec comme raison principale le sens de la pose sur l’arceau. Selon Daios, le film posé perpendiculairement nécessite une épaisseur de 50 microns pour assurer leur maintien. En revanche, un film posé parallèlement à l’arceau doit avoir une épaisseur plus importante de 70 microns. Avec le développement des machines de récoltes, cette technique de mini-tunnel est en fort développement car elle permet d’utiliser deux couches plastiques sans augmenter le temps consacré à la pose et à la dépose des films. Alors que le bâchage et le débâchage des films posés perpendiculaires aux arceaux augmentent de 30 % de temps de récolte. La course à la précocité qu’a engendrer l’utilisation des films plastiques a un coût. Il se chiffre en additionnant les coûts des films plastiques, l’amortissement des arceaux et des machines de récolte, le coût du remplissage des films à ourlet (estimé à 0.12 euros en France) , la pose et dépose, le stockage… et le coût du recyclage qui ne fera qu’augmenter.
Pour cela, certains fabricants proposent des « solutions de compromis » entre précocité et facilité d’utilisation en soudant ensemble un plastique noir/blanc à ourlet et un plastique thermique. Ce double film créé un espace d’air entre le film noir/blanc et le film thermique qui joue le rôle de matelas et permet de chauffer la butte. Ce double film peut être posé sur des arceaux avec un nouvel effet isolant entre le film et la butte. Cette zone permet une condensation de l’humidité de l’aire qui permet de ré-humecter la butte. Selon Europlastic, fabricant de ce film, le film thermique est enrichi en agents stabilisateurs UV afin d’augmenter sa durée de vie et la rendre équivalente à la bâche noir/blanc. Les deux films associés présentent également une meilleure résistance aux manipulations qui permet d’allonger la durée de vie de la bâche. De plus lors de la mise en œuvre nécessite d’un remplissage d’ourlet. C’est aussi moins de rouleaux de stockage après récolte. Europlastic parle donc d’un film économe.
Dans sa gamme de films de paillage, Reyenvas propose un film 7 couches (7 layer film) grâce à une technologie permettant d’intercaler une couch thermique à l’intérieur du film noir-blanc (to incorporate an inner thermal sheet to the blacck and white film). L’association des propriétés permet gagner 3 à 5 jours de précocité par rapport à un film noir/blanc classique. Ce film unique limite le coût de remplissage de ourlets, de manipulation, puis de stockage. Le film 7 couches est plus épais (175 microns) et plus résistant. L’évolution tend donc vers des films plus épais qui seront aussi plus résistants. Leur durée de vie sera rallongée ce qui permet d’apporter une solution partielle au problème de recyclage des plastiques. L’allongement de la durée de vie des films, également proposé chez Daios, permet d’augmenter les années d’amortissement du film et de réduire le cout des taxes de récupération et les difficultés d’élimination.
Sous papier, l’asperge verte a besoin de transparence
Plus que la précocité, les films plastiques utilisés pour l’asperge verte ont un rôle de protection contre les mauvaises conditions climatiques et contre les ravageurs.
Pour la production d’asperge verte, l’utilisation des films plastiques répond à des objectifs différents de la production d’asperge blanche. Dans le cas des asperges vertes, seuls les films transparents sont utilisés, car le turion a besoin de lumière pour produire de la chlorophylle (vert) ou des anthocyanes (violet, pourpre). Ce film est posé sur des arceaux pour créer un tunnel où l’asperge pourra se développer. L’effet précocité est recherché par un réchauffement du sol qui permet à la plante de se « réveiller » plus tôt. Pour cela, il est important d’utiliser un plastique à fort pouvoir thermique qui va notamment retenir la nuit les calories emmagasinées le jour, comme le propose la société Europlastic. Mais les avantages d’une couverture plastique sont ailleurs. Il s’agit d’abord de protéger l’asperge des effets du climat, vent et pluie, pour améliorer sa rectitude et sa qualité visuelle permettant d’obtenir une qualité Premium.
Lisser les excès de températures
Le tunnel plastique joue donc un rôle de mini-serre. Cet espace protégé bénéficie d’une humidité plus importante que l’air extérieur et est favorable à la qualité de l’asperge. En revanche, ce petit volume d’air peut rapidement se transformer en four en atteignant des températures très (trop) élevées. De fait, dans parcelles d’asperges vertes, les films sont habituellement enlevés le matin puis replacés le soir. Ce qui oblige a beaucoup de manipulations. Pour limiter ces temps de main-d’œuvre, les fabricants de films proposent diverses solutions afin d’éviter l’augmentation des températures au cours de la journée. Europlastic propose un film jouant un rôle de filtre sur le rayonnement infra-rouge court qui est la base de l’augmentation des températures. Daios utilise le pouvoir reflétant de la céramique ajoutée dans un film translucide pour refléter 30 à 40 % des rayons IR non visibles. L’objectif de ces films est de maintenir la couverture plastique durant toute la durée de la culture en lissant les excès de températures. Il est alors possible d’utiliser des machines d’assistance à la récolte identique à l’asperge verte. Le film est levé puis reposé au moment du ramassage en évitant des manipulations supplémentaires et réduisant le temps de main-d’œuvre. Autre effet positif, le tunnel devient alors un espace clos, qui protège l’asperge des maladies et ravageurs, notamment le criocère en recrudescence ces dernières années.