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La campagne d’asperges française n’est pas finie par FreshPlaza

Olivier Thomas, Ferme du Pont d’Achelles :

« La campagne d’asperges française n’est pas finie »

Avec un démarrage relativement précoce induit par de belles journées printanières qui ont ensoleillé le Nord de la France au mois d’avril, la campagne de l’asperge se déroulait plutôt bien. Mais depuis une dizaine de jours, la situation a totalement basculé. En cause ? Un manque de consommation qui paralyse la production. « Plus personne ne veut d’asperges. On a l’impression que la campagne est finie, alors que la production est encore très active dans certaines régions. Nous vendions 40 caisses sur notre magasin à la ferme au mois d’avril, aujourd’hui nous sommes à peine à 10. Quant aux détaillants sur les marchés, ils n’en veulent plus », précise Olivier Thomas, gérant de la Ferme du Pont d’Achelles.

Un gain en précocité qui décale le pic de consommation
Une situation qui ressemble à celle de l’année 2022 qui avait fait face à des difficultés similaires en termes de manque de consommation. « Lorsque nous nous sommes lancés dans la culture de l’asperge il y a 20 ans, nous commencions la saison en mai et la fête des mères correspondait à notre pic de production. Aujourd’hui, grâce aux techniques de production qui ont évolué, nous pouvons commencer dès le début du mois d’avril. Les gros bassins de production du Sud ont elles aussi gagné en précocité, commençant même pour certaines exploitations leur campagne en février. Cela a pour conséquence de décaler la consommation. Les gens sont ravis de retrouver de l’asperge en amont du printemps, mais fin mai, ils sont lassés et veulent d’autres produits. Si la fête des mères était un moment phare de la campagne d’asperges il y a 20 ans, cette année la consommation a été atone ».

Belgique et Pays-Bas : des asperges à des prix défiant toute concurrence
Une triste réalité qui, outre par ce gain en précocité d’année en année, peut être expliquée par d’autres facteurs : « L’année dernière, la consommation était encore dynamique fin mai grâce à une météo pluvieuse qui n’incitait pas à faire la transition vers des produits plus estivaux. Ce qui n’est pas le cas cette année. Ce printemps 2025 est plus ensoleillé et plus chaud, les gens n’ont donc plus envie fin mai de consommer de l’asperge sachant qu’ils ont commencé pour la plupart en mars. Ils veulent passer à des produits plus estivaux. Le manque de consommation d’asperges françaises est aggravé par le fait que l’on retrouve actuellement sur le MIN de Lomme de la marchandise hollandaise et belge à 2 euros le kilo. Cela fait partie de leur stratégie, lorsque les Belges et les Hollandais ont trop de production, pour assainir leur marché intérieur ils envoient de la marchandise à des prix défiant toute concurrence sur les marchés étrangers. Ce qui a inévitablement une incidence sur les producteurs français ».

Une campagne qui risque de se terminer prématurément
Face à ce manque de consommation, la campagne tend à s’écourter : « Nous avions le potentiel de récolter encore pendant un petit mois, mais allons devoir écourter la campagne. Cela ne sert à rien de continuer à récolter les asperges si nous ne pouvons pas les vendre. Nous en avons encore dans les frigos et la main d’œuvre pour la récolte est très onéreuse. Nous avons déjà arrêté 3 hectares pour éviter de jeter de la marchandise ».

Si le consommateur semble avoir envie de clôturer le chapitre 2025 de la saison de l’asperge, baisse de consommation qui coïnciderait avec la fin de la campagne des gros bassins de production du Sud, la production est loin d’être terminée dans les autres bassins de production : « Il y a encore des asperges dans le Nord, la Bretagne, le bassin parisien ou même dans la région Centre. En Alsace également, bien qu’ils aient leur propre marché local. Il n’y a même plus de cotations RNM pour notre région, alors qu’il y a encore de la marchandise. On a la sensation qu’une fois que les gros bassins de production ont fini leur campagne, la saison est pliée. Or, il y a encore beaucoup de petits producteurs indépendants et cela donne la sensation d’être laissés pour compte car pour nous, la saison d’asperges n’est pas encore finie… ».

Pour plus d’informations :
Olivier Thomas et Françoise Thomas
La Ferme du Pont d’Achelles
Tél. : 03 20 48 60 43
Laferme-dupontdachelles@orange.fr
https://www.lafermedupontdachelles.fr