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Les Néerlandais pourraient-ils être convaincus de manger encore plus d’asperges ?

Les Néerlandais ont depuis longtemps une affection particulière pour les asperges, chaque personne consommant en moyenne près de 1 kg par an. Le pays est également reconnu pour la qualité de ses asperges, principalement destinées au marché intérieur, mais aussi exportées vers d’autres régions d’Europe et au-delà. Cependant, la superficie plantée et le volume annuel de production de l’« or blanc » aux Pays-Bas sont en baisse depuis 2018.
Lors de la rencontre internationale de l’asperge, organisée dans le cadre du salon ExpoSE dédié à l’asperge et aux fruits rouges à Karlsruhe (Allemagne), le 23 novembre 2022, Will Teeuwen, propriétaire de Teboza et producteur d’asperges de troisième génération, a dressé un état des lieux du secteur néerlandais et partagé ses perspectives.

Une concentration accrue à prévoir pour la production néerlandaise

Le nombre de producteurs d’asperges néerlandais et la surface plantée ont diminué depuis 2018.
En 2014, on comptait 800 producteurs, contre 700 en 2018 et 500 en 2021, tandis que la surface plantée est passée de 2 800 ha il y a une dizaine d’années à 3 400 ha en 2018, puis 2 900 ha en 2021.
En moyenne, chaque producteur cultive aujourd’hui environ 6 ha, avec un rendement net de 6 000 à 7 000 kg/ha.

« Je pense que nous sommes désormais dans une situation plutôt stable. Le nombre de producteurs va encore diminuer, mais la surface cultivée devrait se maintenir à ce niveau », estime Teeuwen.

La production néerlandaise est concentrée dans le sud du pays, ce qui s’explique par la présence de sols sableux et un microclimat plus chaud au printemps.
Teboza est implantée dans le Limbourg, qui fournit 63 % de la production, suivi du Brabant-Septentrional (33 %) et d’autres régions des Pays-Bas (4 %).

Une consommation globale qui stagne, mais une progression de l’asperge verte

Selon Teeuwen, la consommation d’asperges fraîches est relativement stable sur le marché néerlandais, à environ 900 g par personne en moyenne :

« Ce n’est pas mal. Il y a vingt ans, on était à 200–300 g. Donc on a bien travaillé en 20 ans, mais depuis 5–6 ans, ça stagne, ce qui constitue un défi pour faire progresser la consommation. »

Actuellement, l’asperge blanche représente 88 % des ventes aux Pays-Bas, contre 11 % pour la verte, et moins de 1 % pour la violette.
Mais l’asperge verte progresse, lentement mais sûrement :

« Les jeunes générations s’y intéressent davantage, tout comme les personnes d’origine étrangère, qui sont nombreuses aux Pays-Bas. »

L’hébergement, principal défi pour la main-d’œuvre

En 2023, le salaire horaire minimum aux Pays-Bas est de 11,75 € brut (contre 10,24 € en 2021), ce qui laisse environ 9,50 € nets après impôts.
Mais le coût réel pour l’employeur est de 17,63 € de l’heure, incluant les cotisations sociales et les retraites pour les saisonniers.

« Je pensais que nous avions les salaires les plus chers du monde, mais j’ai vu que le Canada fait très fort aussi », plaisante Teeuwen.

Les saisonniers de Teboza viennent principalement de Roumanie. Quelques-uns viennent encore de Grèce, mais leur nombre diminue.

« Notre plus grand défi aux Pays-Bas actuellement, ce n’est pas de trouver les personnes — en tant que bon employeur, nous les attirons — mais de les loger. »

La récolte robotisée encore à 3 ou 4 ans de réussite

Teboza a mené plusieurs tests de récolte robotisée dans ses champs l’année dernière.

« Malheureusement, le premier robot (le Sparter de Cerescon) a fait faillite au milieu de la saison, ce qui nous a posé problème car il a fallu retirer la machine en avril. »

Un second modèle, développé par AVL Motion, est toujours en phase de test.

« Il faudra encore un peu de temps avant que ces machines soient adaptées à la récolte à grande échelle. »

La hausse des coûts, une problématique majeure

« Le plus gros défi pour nous, producteurs d’asperges, mais aussi pour l’ensemble du secteur, c’est : comment faire face à l’augmentation des coûts. »

Teboza mise beaucoup sur l’innovation pour y répondre.
L’entreprise a notamment réduit ses dépenses en matériaux d’emballage, un gain à la fois économique et écologique.

« Nous avons beaucoup diminué l’usage des emballages, mais en parallèle, les clients de la grande distribution demandent toujours plus d’asperges emballées. Donc même si on utilise moins de matière, on emballe plus d’asperges. »

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