Allemagne : La pluie réduit les volumes, mais pas les prix
Des pluies persistantes en Allemagne, notamment dans le nord, ont provoqué des inondations et des sols gorgés d’eau à l’approche de la saison 2024 de l’asperge blanche, rapporte Claudio Glaesser, analyste du marché horticole chez AMI. Selon la structure des sols, il n’a pas été possible de commencer à former les buttes avant avril, soit bien plus tard que d’habitude. Malgré cela, un hiver doux et des températures élevées au début du printemps ont permis un démarrage anticipé de la récolte. Toutefois, des importations ont été nécessaires pour couvrir les besoins liés à un week-end de Pâques précoce cette année (début avril). Le fort ensoleillement qui a suivi Pâques a entraîné une brève période de tension sur l’offre. Ensuite, plusieurs semaines de températures modérées et de faible ensoleillement ont permis de stabiliser le marché sur une grande partie de la saison. Les prix départ ferme sont restés à un niveau globalement satisfaisant, et les prix de détail en mai – mois clé – étaient similaires à ceux de l’année précédente. La saison 2024 s’est terminée plus tôt que d’habitude dans de nombreuses régions, en raison du démarrage anticipé. Dans le sud de l’Allemagne, des pluies extrêmes et des inondations ont aussi conduit à une fin abrupte de la saison fin mai. Dans l’ensemble, les volumes de récolte ont probablement diminué, en lien avec la réduction des surfaces cultivées, causée par des conditions météo plus difficiles, selon Glaesser.
France : Une production faible, sans reprise
Malgré des conditions très difficiles pour la préparation des buttes (pluies excessives), la récolte d’asperges a commencé tôt en France. « Les premières asperges du Sud-Ouest ont été récoltées début février en petite quantité », indique Astrid Etèvenaux, directrice de l’association Asperge de France. En mars, de bonnes récoltes dans le Sud-Ouest ont permis d’approvisionner le marché pour les fêtes de Pâques (1er avril). Avril a été un mois « sans éclat », avec des résultats variables selon les bassins de production et surtout selon les parcelles. En vallée de la Loire, un démarrage tardif a engendré de faibles volumes. Le mois de mai a été marqué par de faibles apports dans toutes les régions productrices françaises. Au final, la saison s’est achevée sur une déception, sans reprise de la production comme on avait pu l’observer certaines années, en raison d’un temps qui est resté froid. « Les faibles volumes ont entraîné des coûts supplémentaires à la récolte et en station. Donc un coût de production plus élevé pour un rendement plus faible », commente Astrid Etèvenaux. Le marché est resté morne. La grande distribution et ses opérations promotionnelles ont cependant permis d’écouler tous les volumes français sans difficulté.
Italie : L’asperge en quête de confirmation
« En 2024, les surfaces italiennes d’asperges s’élèvent à 8 000 hectares, pour une production de 45 à 50 000 tonnes, destinées à la fois à la consommation fraîche et à la transformation », estime Luciano Trentini, spécialiste de l’asperge. Cette année, les températures élevées (sols constamment au-dessus de 14-15 °C) en février et début mars ont permis un démarrage anticipé des récoltes de 15 jours. Malheureusement, la baisse des températures pendant les fêtes de Pâques, accompagnée de fortes pluies, a ralenti les livraisons dans le nord comme dans le sud du pays. Puis la remontée soudaine des températures a permis une reprise des volumes récoltés, au point de créer une certaine incertitude sur le marché, qui s’est ensuite rapidement rééquilibré. Les températures élevées, combinées au problème persistant de la disponibilité de la main-d’œuvre, ont raccourci la période de récolte. Au final, la production a chuté d’environ 15 % dans le sud de l’Italie et de 30 % dans le nord. Cette moindre disponibilité a entraîné une hausse des prix, permettant de vendre l’asperge verte de qualité, transformée, autour de 3,5 à 4 € le kilo, et l’asperge blanche dans le nord autour de 5,5 € le kilo. « L’analyse de la consommation montre que l’Italie consomme environ 20 000 tonnes d’asperges, pour une valeur de 111 millions d’euros », conclut Luciano Trentini.
Espagne : Perspectives encourageantes pour 2025
Grâce à des précipitations abondantes, la production d’asperges vertes dans la province de Grenade pourrait dépasser de 20 % celle de 2023, alors que les prévisions initiales tablaient sur une baisse de 10 à 15 %. En outre, selon Antonio Zamora, président de l’Interprofession Espagnole de l’Asperge Verte et de la coopérative Centro Sur, la qualité a été « exceptionnelle grâce à la pluie au début et pendant la saison ». Dans les médias espagnols, Zamora indique que de nombreuses zones de production à Grenade – qui représente 70 % de la production espagnole d’asperge verte – disposent désormais de suffisamment d’eau dans les réservoirs et zones de captage pour envisager des niveaux de production similaires en 2025. D’autres devront attendre de voir comment évolue l’été. Les producteurs espagnols sont toutefois toujours confrontés à une pénurie de main-d’œuvre agricole, un sujet sur lequel l’interprofession fait pression auprès des autorités pour alléger les démarches administratives liées au recrutement de travailleurs étrangers.
Pays-Bas : La pluie fait chuter les rendements
Une saison exceptionnellement pluvieuse a entraîné une baisse des rendements de 30 à 40 % cette année chez Teboza, l’un des principaux producteurs néerlandais d’asperge blanche, situé dans le Limbourg. Will Teeuwen, de Teboza, explique qu’il a plu d’octobre jusqu’à mai (surtout ce dernier mois), ce qui a empêché de préparer les champs et d’assurer la récolte dans de nombreuses parcelles. Il estime que la situation était similaire ailleurs aux Pays-Bas, ainsi qu’en Belgique et dans la région allemande du Rhin. Point positif : l’entreprise a pu valoriser les asperges récoltées, et la pénurie a entraîné une hausse des prix par rapport à l’année précédente – sans toutefois compenser l’augmentation des coûts agricoles. Selon Teeuwen, les perspectives pour la saison prochaine annoncent des rendements environ 20 % inférieurs à la moyenne, sauf si un été très chaud permet de favoriser le rétablissement des sols saturés d’eau. « Ce que nous constatons actuellement, c’est que la repousse des champs est mauvaise », dit-il. Après cinq saisons marquées par une sécheresse excessive et l’optimisation de la gestion de l’eau, l’entreprise étudie désormais pourquoi certains champs ont mieux résisté en termes de drainage, et comment améliorer l’évacuation de l’excès d’eau.