Asparagus World : Quels sont les avantages et les inconvénients du goutte-à-goutte ?
Jean-Michel Bourrousse : Le goutte-à-goutte est avant tout un moyen d’économie d’eau. Le volume apporté peut être jusqu’à 50 % inférieur à celui d’une irrigation par aspersion, qui souffre de pertes par évaporation. Le système de goutte-à-goutte permet aussi de maîtriser et de localiser la fertilisation. En revanche, le goutte-à-goutte demande davantage de technicité et une surveillance des apports. Le réseau peut être enterré, posé en surface ou positionné dans le feuillage. Le tuyau enterré, placé sous la couronne, n’est utilisé que dans les sols lourds (argileux, limoneux), où l’eau peut remonter par capillarité jusqu’aux racines. En sols sableux ou bien drainés, les goutteurs doivent être posés au sol ou légèrement enterrés (5 cm). L’objectif est de mouiller une tranche de sol de 0 à 70 cm de profondeur.
AW : Quelles sont les contraintes d’usage ?
J-M. B. : Le goutte-à-goutte nécessite un bon niveau de technicité et, surtout, de l’observation. Il faut aller voir dans le sol, sous les racines, pour vérifier l’humidité et les gradients. Les sondes tensiométriques sont utiles pour cela. Le réseau de tuyauterie doit être contrôlé car il peut être endommagé par les larves d’insectes (vers fil-de-fer, etc.), les oiseaux ou même le petit gibier. La qualité de l’eau est également primordiale. L’eau de surface (rivière, lac, etc.) est généralement chargée en limons, algues et matière organique. L’eau souterraine, quant à elle, peut parfois contenir trop de calcium ou de fer. Le goutte-à-goutte nécessite donc un système de filtration performant en amont de l’installation, ainsi qu’un entretien régulier et une vérification du réseau et des conduites.
AW : Quelles sont les règles d’installation d’un système de goutte-à-goutte ?
J-M. B. : L’alimentation en eau peut se faire avec des tuyaux recyclables (épaisseur 200 microns), renouvelés chaque année, ou des tuyaux récupérables (épaisseur 1 mm) pouvant être utilisés pendant toute la durée de la culture. Le tuyau recyclable permet de disposer d’un matériel neuf chaque année mais il est plus vulnérable aux dommages. Le tuyau récupérable est plus robuste mais demande davantage de maintenance. Le nombre de lignes d’irrigation dépend de la nature du sol et du nombre de rangs de plantation, soit une, soit deux. En sol argilo-limoneux, on installe une seule ligne de goutteurs à côté du rang. En sol sableux, il est indispensable d’en mettre deux, de part et d’autre du rang. Les tuyaux sont posés au sol et légèrement enterrés (5 cm). Pour éviter les dégâts causés par les insectes, larves ou oiseaux, les tuyaux sont parfois placés dans le feuillage, ce qui peut conduire à une distribution moins homogène et nécessiter plus de temps d’installation. Une fois le système en place, il est très important de vérifier la formation du bulbe humide au niveau des racines et de suivre l’humidité du sol par des observations visuelles (à la tarière) et/ou avec des sondes tensiométriques.