L’appétit pour les asperges fraîches reste fort aux États-Unis, avec des ventes au détail atteignant près de 893 millions de dollars chaque année. Pourtant, la production nationale est déjà en déclin, affectée par des coûts élevés et une pénurie de main-d’œuvre – une situation compliquée cette année par les durcissements des politiques migratoires et les menaces tarifaires. À l’heure où les premières asperges du Minnesota devaient arriver en rayons (autour du 8-10 mai), l’incertitude reste grande quant aux effets commerciaux que ces évolutions pourraient entraîner pour ce légume devenu populaire sur l’un des plus grands marchés mondiaux.
Les ventes d’asperges bio en hausse
Selon les données de Circana* sur 12 mois se terminant au 23 février, les ventes d’asperges fraîches aux États-Unis ont représenté un total de 892,6 millions de dollars, en baisse de 1,9 % par rapport à l’année précédente. Cependant, les ventes d’asperges bio ont atteint 97,3 millions de dollars (+7,4 %), tandis que les ventes conventionnelles ont baissé de 2,9 %, s’établissant à 795,3 millions de dollars. Les ventes conventionnelles représentent 89 % du total, contre 11 % pour le bio.
Côté volumes, on note un recul de 2 % toutes catégories confondues, avec une hausse de 4,3 % pour le bio et une baisse de 2,6 % pour le conventionnel. Les asperges vertes concentrent presque 99 % des dépenses en asperges fraîches au détail, suivies des pointes d’asperges (0,7 %), des blanches (0,17 %), des violettes (0,04 %) et autres catégories (0,16 %).
Le prix moyen unitaire toutes catégories confondues était de 3,31 dollars, en hausse de 0,1 % sur un an. Le prix des asperges conventionnelles a légèrement baissé (-0,3 % à 3,29 $), tandis que celui des bio a augmenté de 3 % (3,53 $). Les données de l’USDA pour la période de Pâques – moment fort de consommation – indiquent un prix moyen de 2,65 $/lb pour les asperges vertes fraîches, en baisse de 13 % par rapport à l’année précédente, tandis que les asperges bio affichaient une hausse de 3,2 % (4,51 $/lb).

Une production nationale en baisse constante
Dans le Michigan, principal État producteur, la valeur de la récolte 2024 est estimée à 24,5 millions de dollars, en recul de 18,5 % (soit -5,57 millions) par rapport à 2022. Les surfaces récoltées sont passées de 9 800 acres à 7 500 acres (soit 3 035 ha), selon les données de l’USDA. L’université de l’État du Michigan souligne les difficultés rencontrées par la filière : « Comme pour beaucoup d’autres productions, la hausse des coûts de main-d’œuvre compromet la rentabilité du secteur de l’asperge. ». Dans son rapport de mars 2025, The Outlook for Michigan Agriculture 2025, l’université met en avant les incertitudes importantes qui pèsent sur les exploitations : tensions commerciales, risque de récession, hausse prévisible du coût du travail, pénurie persistante de main-d’œuvre.
Les menaces tarifaires assombrissent les perspectives commerciales
Jusqu’à 90 % de la consommation américaine d’asperges fraîches est couverte par les importations, principalement en provenance du Mexique et du Canada, deux pays menacés par les mesures tarifaires envisagées par l’administration Trump, tout comme la Chine. En 2024, le Mexique a représenté 65,6 % des importations américaines, contre 33 % pour le Pérou et seulement 0,9 % pour le Canada.
Dans une note de mars, le distributeur américain Markon Cooperative indiquait : « Si des droits de douane sont imposés sur les produits mexicains, le Pérou pourrait jouer un rôle d’amortisseur, mais il ne pourra pas satisfaire à lui seul la demande nationale. »
Giancarlo Riva (Ernst & Young Pérou) déclarait à la même période que de tels droits de douane pourraient ouvrir des opportunités pour les exportations péruviennes (notamment l’avocat ou l’asperge), mais certains analystes soulignent que de telles mesures protectionnistes pourraient provoquer une hausse des coûts logistiques, perturber les habitudes de consommation et générer une inflation. En période d’incertitude, les investissements ont tendance à ralentir voire à s’interrompre.
Quant aux producteurs américains, si les tarifs douaniers peuvent théoriquement rendre leurs produits plus compétitifs, des mesures de rétorsion tarifaire pourraient augmenter leurs coûts (engrais notamment) et affecter la consommation si l’approvisionnement annuel est perturbé ou si les prix au détail s’envolent.

* Circana OmniMarket™ Integrated Fresh
Sources include:
https://msu-prod.dotcmscloud.com/resources/
the-outlook-for-michigan-agriculture-2025
https://www.ams.usda.gov/mnreports/fvwretail.pdf
https://www.markon.com/update-asparagus-51