Retour

Appel à accélérer le développement de l’agriculture de précision pour les producteurs d’asperges en Chine

La culture d’asperges en Chine a débuté dans les années 1970 et s’est depuis considérablement développée. Le pays est aujourd’hui le premier producteur mondial, avec une superficie d’environ 100 000 hectares consacrée à l’asperge, dont 60 % de la production est concentrée dans seulement cinq provinces. Le marché chinois de l’asperge était estimé à environ 32,44 milliards de dollars US en 2023, et pourrait atteindre 40,79 milliards de dollars d’ici 2029, porté par un taux de croissance annuel de 3,9 %. Environ 70 % de la production nationale est consommée sur place – les consommateurs chinois préférant l’asperge verte – et le reste est exporté. Face à la demande croissante, tant intérieure qu’internationale, des efforts sont nécessaires pour développer et renforcer encore cette filière. Le secteur est toutefois confronté à plusieurs défis, notamment des rendements moyens inférieurs à ceux enregistrés en Europe, ce qui entraîne un taux de perte avoisinant les 40 % avant même que le produit n’atteigne le consommateur.

Ce qui freine le développement de la culture d’asperges en Chine

Le développement de la filière asperge en Chine se heurte à plusieurs limites structurelles. Le marché des semences manque de structuration, avec une pénurie de semences de qualité. Les techniques culturales sont encore en retard, et la filière souffre notamment de maladies comme la brûlure des tiges. Pour surmonter ces obstacles, les chercheurs ont lancé un programme de sélection variétale axé sur le développement de cultivars d’asperge résistants au froid (jusqu’à -35 °C), tolérants aux sols salins (jusqu’à 0,4 % de salinité) et alcalins, ainsi qu’aux maladies. Ces efforts ont déjà permis de proposer plus de 30 variétés commerciales disponibles sur le marché.

Une approche trop uniforme de la culture

La gestion de la culture de l’asperge en Chine repose encore trop souvent sur une approche généralisée. Plus de la moitié des producteurs chinois sont des néo-agriculteurs, attirés par les perspectives de profit. Ils se forment principalement grâce aux centres techniques agricoles locaux ou aux conseils de voisins plus expérimentés. Pour gérer la fertilisation et l’irrigation, beaucoup se fient au « Green Asparagus Book », un guide de référence élaboré par les centres de recherche agricole locaux. Ce manuel est apprécié pour la clarté et l’exhaustivité de ses consignes. Cependant, en proposant des procédures standardisées, il ne prend pas toujours en compte les particularités locales, climatiques ou géographiques. Dans des conditions exceptionnelles, comme les changements climatiques soudains ou des sols atypiques, cette approche unique peut s’avérer inadaptée.

Appel à des technologies de précision à bas coût

L’intégration de technologies d’agriculture de précision dans la culture de l’asperge joue un rôle central dans l’optimisation des pratiques culturales et la promotion d’une croissance durable. En Europe, les producteurs bénéficient de nombreux outils de précision, soutenus par la PAC (Politique Agricole Commune). En Chine, à l’inverse, ces outils sont peu utilisés, les agriculteurs se reposant souvent sur leur expérience ou des guides standards. Le coût est un frein majeur, d’autant que les exploitations sont de taille modeste – en moyenne 2 hectares – et que les asperges sont vendues à des prix relativement bas, autour de 1 000 dollars par tonne. Dans ce contexte, Dean JiQin Yu (Asparagus Industry Research Center, WFIT, Chine) souligne la nécessité urgente de développer des technologies de précision accessibles, adaptées à la réalité économique des producteurs chinois.

Le potentiel de la fusion de capteurs

La fusion de données issues de capteurs, via des drones ou des images satellites, offre un grand potentiel. Ces technologies permettent de collecter des informations précieuses sur l’état sanitaire des cultures, les modèles de croissance et les facteurs de stress. Des analyses de sol peuvent également être utilisées pour évaluer les niveaux de nutriments et le pH, orientant ainsi les besoins en fertilisation. Des sociétés spécialisées dans la fusion de données et leur interprétation à l’aide de l’intelligence artificielle peuvent aider à combler le fossé entre la technologie et les agriculteurs. Elles proposent des outils de gestion permettant d’exploiter ces données pour améliorer les pratiques culturales. Ce type de solution représente un investissement judicieux, car il fournit un appui technique essentiel et permet de quantifier et visualiser de nombreux aspects de la culture de l’asperge.

Systèmes automatisés de ferti-irrigation à débit variable

La fertilisation et l’irrigation représentent une part importante des coûts de production, tant en intrants qu’en main-d’œuvre. Certains producteurs chinois ont expérimenté des systèmes de ferti-irrigation locaux, mais ces derniers restent souvent rudimentaires, sans base de données fiable. Pour les producteurs utilisant l’irrigation par inondation, des prescriptions peuvent aider à déterminer précisément la durée des apports. Les exploitants équipés de systèmes de goutte-à-goutte modifiés pourraient quant à eux tirer parti de la technologie VRA (Variable Rate Application) pour ajuster le débit des goutteurs en fonction des besoins. Cette précision permettrait d’augmenter les rendements et de réduire les coûts.

La récolte robotisée : une piste à explorer

La culture d’asperge reste très gourmande en main-d’œuvre, un facteur aggravé par la hausse de 52 % des coûts de main-d’œuvre dans le monde au cours des cinq dernières années. Le développement de robots de récolte économiques pourrait représenter une solution d’avenir pour réduire la dépendance au travail manuel et améliorer l’efficacité.

Évaluer les technologies de précision

L’objectif du recours à des technologies d’agriculture de précision accessibles dans la culture d’asperges en Chine est de mettre en place un système plus efficace, respectueux de l’environnement, garantissant de meilleurs rendements et une qualité supérieure. Avant toute mise en œuvre, il est nécessaire d’évaluer les impacts potentiels de ces technologies. L’Université de Bologne, en Italie, travaille actuellement sur un cadre intégré combinant l’analyse du cycle de vie économique (LCC), environnemental (LCA) et social (S-LCA). L’espoir est que l’application de ces outils permette une meilleure gestion des engrais et une réduction significative des émissions de CO₂ et de nitrates (NO₃), contribuant ainsi à une agriculture plus durable dans son ensemble.

Vous aimerez sûrement ceux-ci aussi !