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L’art de couvrir les cultures dans les plantations d’asperges

La couverture végétale entre les rangs dans les plantations d’asperges est une pratique récente, initiée sur les cultures d’asperges vertes pour faciliter le passage des machines de récolte et limiter la compaction des sols. Cette technique a révélé d’autres avantages, notamment une protection contre le vent, qui permet d’obtenir des turions de meilleure qualité et plus droits.

Aujourd’hui, les bénéfices agronomiques, thermiques, écologiques et environnementaux de la couverture végétale ont conduit à son adoption également dans les cultures d’asperges blanches, dans plusieurs régions de production européennes.

Un effet coupe-vent bénéfique

C. Befve

D’un point de vue agronomique, la couverture végétale améliore la structure du sol grâce au développement des racines à différents niveaux du sol, ce qui augmente sa capacité de rétention d’eau. Elle protège également contre l’érosion.

Les espèces à racines pivotantes capturent les éléments minéraux en profondeur (notamment les nitrates) et limitent leur lessivage, tandis que les légumineuses enrichissent le sol en azote. Le broyage des feuilles et racines augmente la teneur en humus. L’ajout de matière organique stimule l’activité microbienne du sol, améliorant la disponibilité des éléments nutritifs.

Lorsque la couverture est maintenue pendant toute la durée de vie de la plantation, le taux de matière organique est plus élevé dans les inter-rangs, ce qui rend la parcelle plus favorable à la replantation, notamment dans les plantations à grand écartement (> 3,50 m).

Il peut être judicieux d’opter pour une couverture végétale permanente afin de profiter de ses effets thermiques tout au long du cycle. Au printemps, lorsque la couverture pousse au-dessus des buttes avant la récolte, elle crée un effet coupe-vent qui :

  • évite que les bâches s’envolent ou soient déplacées,
  • accélère le réchauffement des buttes, moins exposées au vent (souvent du nord).

Un degré supplémentaire au-dessus de 12 °C à la couronne peut générer 30 kg/ha supplémentaires récoltés par jour au début de la saison.

Une fois broyée, la couverture végétale augmente la portance du sol, facilitant le passage des engins de récolte, même par temps pluvieux.

Une couverture végétale implantée, maîtrisée et entretenue

C. Befve

À la fin de la récolte, de nouvelles plantes se développent, créant un habitat favorable à la faune auxiliaire (syrphes, carabes, chrysopes, coccinelles, etc.) et limitant la croissance des adventices dans les inter-rangs — un atout en agriculture biologique ou en réduction des herbicides.

Une fois broyée, la végétation peut être étalée sur les lignes de plantation, agissant comme paillis naturel, limitant la repousse d’herbes sur le rang. En automne et hiver, la couverture végétale atténue l’effet des fortes pluies.

Cependant, certains inconvénients peuvent apparaître :

  • Moins d’aération au niveau des rangs,
  • Humidité accrue, propice aux maladies,
  • Développement éventuel de rongeurs dans certaines situations.

La couverture végétale doit donc être semée, contrôlée et entretenue. Elle peut être implantée à la fin de la récolte et profiter des pluies. Sinon, l’irrigation par aspersion facilite son installation.

Il est recommandé de mélanger plusieurs familles de plantes :

  • Graminées : seigle, avoine, ray-grass (racines fasciculées importantes),
  • Crucifères : radis fourrager, radis chinois, moutarde blanche (racine pivotante),
  • Légumineuses : trèfle d’Alexandrie, lentille fourragère (fixation de l’azote).

La durée souhaitée de la couverture (permanente ou temporaire) influence le choix des espèces, notamment leur résistance au gel :

  • Sensibles au gel : avoine, trèfle d’Alexandrie, phacélie,
  • Peu sensibles : ray-grass, seigle, lentille, radis.

Quantité recommandée : 12 à 15 kg/ha, selon l’écartement des rangs et la largeur de l’inter-rang.

Une meilleure intégration paysagère des plastiques

Maintenir une couverture végétale permanente nécessite quelques adaptations, voire des investissements matériels. Les longs espacements entre les rangs permettent de maintenir l’herbe toute l’année, tout en laissant suffisamment de terre pour former les buttes.

Certains fabricants de matériel (comme Engels) ont adapté leurs butteuses pour préserver la couverture herbacée (voir section Équipements).

Même si cela demande des passages réguliers avec tracteur et broyeur pour contrôler la végétation (tous les 8 à 10 jours avec irrigation par aspersion, ou toutes les 3 semaines avec goutte-à-goutte), la consommation de carburant est bien inférieure à celle des outils de travail du sol.

Enfin, cette «végétalisation» des rangs améliore l’intégration paysagère des parcelles d’asperges et réduit la pollution visuelle souvent critiquée par les riverains.

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