Marché mondial : la fraise
En Allemagne, la demande a été freinée par un temps frais et les congés, bien que les fraises locales, belges et néerlandaises conservent une position influente sur le marché. En Espagne, la région de Huelva enregistre un recul de la production, compensé toutefois par une hausse des prix liée à la diminution de l’offre.
En Suisse, la saison s’intensifie, même si le froid récent a ralenti le mûrissement des fruits. En Autriche, une tempête de grêle dans le Burgenland a lourdement endommagé les cultures, suscitant une vive inquiétude chez les producteurs.
Aux Pays-Bas, les prix se révèlent étonnamment bas à l’approche de la fête des mères, malgré une production soutenue des fournisseurs néerlandais et allemands. Au Royaume-Uni, des conditions météorologiques favorables alimentent l’optimisme, avec une qualité de fruit jugée constante.
En Écosse, les producteurs abordent également la saison avec confiance, portés par un niveau satisfaisant d’ensoleillement propice à la qualité des fraises. En Amérique du Nord, l’offre devrait être abondante pour les vacances d’été, grâce à des volumes considérables en provenance de Santa Maria, de Baja et de Salinas.
En Afrique du Sud, la saison se déplace progressivement du Cap Sud vers les régions centrales, avec une demande stable malgré des prix élevés. En Égypte, la faiblesse des prix pour les fraises fraîches a poussé de nombreux exportateurs à se tourner vers les produits surgelés, jugés plus rentables.
Enfin, l’industrie marocaine de la fraise est en perte de vitesse, les producteurs se réorientant vers les myrtilles et les avocats en raison de la baisse des prix et des difficultés rencontrées sur les marchés.
Italie : un marché dynamique malgré des disparités régionales dans l’offre
Le marché italien des fraises est particulièrement animé début mai, stimulé par la hausse des températures. Selon un négociant majeur du nord du pays, un autre facteur déterminant réside dans la baisse actuelle des exportations espagnoles vers l’Italie, combinée à une diminution des approvisionnements en provenance du sud. La production se concentre désormais dans le nord, notamment en Vénétie et en Émilie-Romagne. Si les volumes en Émilie-Romagne sont plus modestes, la qualité des fruits demeure excellente. Début mai, les prix s’établissaient à environ 1,80 € le panier de 500 grammes à Vérone, contre 2,10 € en Romagne.
Un producteur de Sicile indique que la saison a débuté en novembre et se prolongera jusqu’à fin mai. La production a été régulière, sans problème majeur, notamment en matière de maladies végétales. Grâce à des plantations échelonnées de variétés précoces et tardives, l’exploitation assure un approvisionnement constant pendant sept mois. Le calendrier de commercialisation est défini chaque année en février. L’exploitation produit des fraises biologiques exportées vers l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche. Le prix moyen de la saison s’est élevé à 3,50 €/kg, bien qu’il soit récemment descendu à 2,50 €/kg. Les fruits sont conditionnés dans des caisses en carton de 30 x 40 cm contenant des barquettes R-Pet de 250 grammes. Les principales variétés cultivées sont Fortuna, Savana et Marimbella.
En Basilicate, la saison est achevée à 70-80 %, selon les variétés cultivées. La récolte se poursuivra jusqu’à la fin mai, malgré un certain retard dans le calendrier. Les prix restent favorables pour les variétés haut de gamme dotées d’une tenue correcte, tandis que les autres maintiennent des niveaux acceptables. Cette campagne a été marquée par des rendements faibles et des conditions climatiques défavorables. Si l’offre reste inférieure à la demande à ce stade, une amélioration est attendue autour du 20 mai avec la stabilisation du climat. Globalement, les prix sont restés stables en mai, en partie grâce à la baisse progressive des importations de fraises, qui n’ont pas atteint de volumes significatifs cette année.
France : la campagne atteint son apogée avec des volumes soutenus
Début mai, la campagne française de fraises bat son plein, ayant dépassé son pic de production. Les principales régions productrices sont en pleine récolte. Le temps ensoleillé et les températures élevées de la semaine précédente ont favorisé une forte arrivée de fraises rondes, et les volumes devraient rester conséquents au cours de la semaine. Bien que le pic de production des fraises rondes et des gariguettes ait été atteint en semaine 15, des quantités importantes sont encore attendues, certaines régions étant invariablement en montée de régime.
Malgré la fin des semaines les plus intenses, l’absorption du marché s’est opérée de manière fluide. Cette régularité s’explique par l’organisation efficace de la filière française, qui s’appuie sur des opérateurs commerciaux performants et des enseignes pratiquant des promotions bien ciblées. Même le jour férié du 1er mai n’a pas freiné les ventes.
Habituellement, la saison française débute dans l’ombre des fraises espagnoles, en pleine production dès mars-avril. Cette année, toutefois, la concurrence a été atténuée par des difficultés de production en Espagne dues à la météo, ce qui a permis aux fraises françaises de s’imposer plus rapidement dans les rayons. En mai, la production nationale couvre environ 70 % de la demande intérieure. Les prix sont restés globalement élevés, en particulier pour les fraises allongées. Avec l’arrivée des productions de plein champ, la qualité devient plus hétérogène, entraînant davantage de fluctuations tarifaires. Néanmoins, ce début de saison s’annonce positif en termes de rendements, de consommation, de prix et de qualité.
La France devrait produire environ 60 000 tonnes de fraises cette année, un volume équivalent à celui de l’an passé, pour répondre à une demande nationale estimée à 120 000 tonnes.
Allemagne : une demande en recul après Pâques malgré une offre croissante
Le refroidissement des températures et les vacances scolaires ont nettement freiné la demande de fraises durant la semaine qui suit Pâques, alors même que l’offre augmentait. Les fraises locales ont gagné en présence, mais leur qualité était inégale : certaines étaient trop corpulentes ou trop claires, ce qui a réduit leur attractivité. Les fraises néerlandaises, en revanche, ont dominé le marché avec une qualité généralement élevée. Selon le BLE, l’offre en provenance des Pays-Bas restait parfois limitée, ce qui a permis de maintenir des prix élevés, bien que ceux-ci varient selon les variétés et la coloration des fruits. Outre les fraises d’origine allemande, belge et néerlandaise, les produits en provenance de Grèce, d’Italie et d’Espagne sont restés disponibles. Aldi Süd a lancé la deuxième saison de commercialisation de sa variété exclusive ALDIna, issue de cultures locales, durant la semaine 20.
L’Espagne demeure le principal fournisseur de fraises du marché allemand, suivie par la Grèce et les Pays-Bas. Toutefois, les volumes importés depuis l’Espagne ont reculé d’environ 13 000 tonnes entre 2021 et 2024, tandis que les importations grecques ont progressé de 6 000 tonnes. La production nationale est également en baisse, avec quelque 120 000 tonnes récoltées en 2024. Environ un tiers de ce volume provient de cultures sous abri, une technique en constante progression dans le pays. Sur les dix dernières années, les surfaces de production protégée ont plus que triplé.
Sur le plan régional, la Basse-Saxe reste la première zone de production allemande avec 2 852 hectares cultivés, suivie de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (2 457 ha) et du Bade-Wurtemberg (2 381 ha). Ces trois régions continuent de jouer un rôle moteur dans l’approvisionnement en fraises du pays.
Espagne : la production de fraises de Huelva diminue malgré un pic en avril
Jusqu’au mois de mars, les volumes de fraises vendues depuis Huelva étaient inférieurs à ceux de la même période l’année précédente. Toutefois, après la fin des précipitations, les récoltes ont fortement progressé durant la première moitié d’avril, les plants ayant atteint leur pic de production.
À partir de la troisième semaine d’avril, les ventes ont chuté de manière marquée, avec un recul estimé à environ 35 % par rapport à la semaine précédente. Depuis lors, la production continue de baisser, selon les données du gouvernement régional d’Andalousie. Les autorités ont déclaré : « Au cours de la dernière semaine, les volumes commercialisés ont encore diminué de manière significative. Après trois campagnes consécutives de baisse de la production, tous les indicateurs laissent penser que la saison actuelle marquera une quatrième année de recul. »
Parallèlement, les prix à l’origine suivent une tendance haussière, portée par la contraction de l’offre. En semaine 16, les prix ont progressé d’environ 5,6 % par rapport à la semaine précédente, et dépassaient de 24 % la moyenne des cinq dernières campagnes.
Suisse : une saison en plein essor malgré un ralentissement temporaire
La saison suisse des fraises monte progressivement en puissance, avec 22 tonnes récoltées au cours de la semaine suivant Pâques. Le pic de récolte est attendu entre le 19 mai et le 14 juin, période durant laquelle près de 1 000 tonnes pourraient être récoltées chaque semaine. L’Association fruitière suisse anticipe une récolte totale d’environ 7 500 tonnes, avec une qualité jugée excellente à ce stade.
Cependant, les conditions météorologiques ont récemment ralenti le rythme. La semaine 19 a été marquée par un épisode froid et humide, avec des températures maximales avoisinant les 10 °C, freinant temporairement la maturation des fruits. Selon un porte-parole de Tobi Seeobst AG, l’une des principales coopératives fruitières du pays, « ce refroidissement interrompt fortement le processus de maturation, qui ne reprendra pleinement qu’avec le retour du beau temps, probablement en fin de semaine. »
Malgré ce contretemps, les perspectives restent encourageantes. « Nous pouvons généralement nous attendre à une abondante récolte, à condition que le temps soit plus clément dans les prochaines semaines. Le pic est attendu pour les semaines 21 et 22 », a précisé le porte-parole.
Autriche : une tempête de grêle compromet les premières récoltes dans le Burgenland
Une violente tempête de grêle survenue en semaine 18 a durement frappé certaines zones du Burgenland, causant de lourds dégâts dans les cultures. Le producteur Adolf Nikles, basé à Kukmirn, a exprimé sa consternation : « Produire en plein champ devient de plus en plus difficile, surtout avec des orages de grêle aussi précoces, comme ceux du 3 ou 4 mai. » Ses cultures de fraises ont été particulièrement touchées, avec 80 à 90 % des variétés précoces détruites. Les premiers fruits, initialement attendus pour la semaine suivante, ne seront vraisemblablement pas commercialisables.
Face à cette situation, les fraises locales sont peu présentes sur le marché, notamment à Vienne, où l’offre est largement dominée par des produits importés de Belgique et d’Espagne. Les fraises italiennes sont également bien représentées dans les rayons des supermarchés, offrant une alternative aux consommateurs.
Pays-Bas : des prix étonnamment bas avant la fête des Mères
Aux Pays-Bas, les prix des fraises augmentent traditionnellement à l’approche de la fête des Mères. Cette année fait exception, avec des prix étonnamment bas, selon les professionnels du secteur. « Cette semaine, les prix aux enchères ont fluctué entre 1,70 et 1,80 euro le kilo. Malgré la mise en place de programmes de vente au détail, les prix restent faibles en raison d’une offre abondante », rapportent les négociants.
Le temps chaud a accéléré le développement des fruits, entraînant une récolte plus précoce qu’à l’accoutumée. Même les fraises cultivées sous tunnels, habituellement plus tardives, arrivent déjà sur le marché. Par ailleurs, la production allemande a démarré en force, accentuant encore l’offre disponible et exerçant une pression supplémentaire sur les prix.
Angleterre : une saison de fraises prometteuse grâce à une météo clémente
Des conditions météorologiques favorables, alliant journées ensoleillées et nuits fraîches, contribuent à une excellente qualité des fraises. Les producteurs affichent un certain optimisme pour cette saison, soutenu par un hiver et un printemps particulièrement doux. Les volumes s’annoncent importants, bien que certains s’inquiètent d’un éventuel surplus en juillet. Les professionnels espèrent cependant éviter les pics de production soudains observés l’an dernier.
La demande accrue en fraises importées durant l’hiver a posé les bases d’un bon démarrage pour la production nationale. Les producteurs comptent sur une qualité constante et sur des conditions climatiques stables pour maintenir un rythme de ventes régulier tout au long de la saison.
Écosse : un début de saison sous de bons auspices
En Écosse, où la récolte commence plus tard qu’en Angleterre, les premiers fruits sont tout juste cueillis. Les producteurs écossais abordent la saison avec un optimisme mesuré. Les niveaux d’ensoleillement ont été favorables, et les plants présentent une abondance de fleurs et de fruits, laissant présager de bons rendements.
Amérique du Nord : une offre abondante attendue pour les vacances d’été
En Californie, l’approvisionnement en fraises reste élevé, notamment à Santa Maria, où la production a nettement augmenté la semaine dernière. La région devrait maintenir des niveaux soutenus de production de bonne qualité pendant au moins huit semaines. Le calendrier de récolte est comparable à celui de l’an dernier, bien qu’un léger retard soit possible en raison des températures modérées.
Outre Santa Maria, le nord de Baja fournit également de bons volumes, tandis qu’Oxnard poursuit sa campagne avec d’autres producteurs. Toutefois, l’offre d’Oxnard devrait diminuer au cours des quatre à huit prochaines semaines. À Salinas, la saison commence tout juste, avec des pics de production attendus entre la mi-mai et juillet. Les perspectives restent globalement positives pour Santa Maria, Baja et Salinas.
La demande de fraises a été soutenue, en particulier à l’occasion de Pâques, qui est tombée plus tard cette année, permettant d’alimenter les marchés avec des volumes plus élevés pour cette période. La fête des mères génère également une demande massive, qui devrait se prolonger jusqu’au week-end du Memorial Day et durant les premières semaines de l’été.
Dans l’ensemble, le marché nord-américain se montre bien préparé pour une saison estivale réussie, avec une production régulière dans les principales zones et une demande constante de la part des consommateurs.
Afrique du Sud : la production migre du Cap Sud vers les régions centrales
La saison sud-africaine des fraises se déplace actuellement du Cap Sud vers les zones centrales de Brits et Bela-Bela. Un agent du marché de Johannesburg indique avoir reçu les dernières livraisons en provenance de George ainsi que les premiers lots des nouvelles régions.
« Les prix restent encore relativement élevés, ce qui pousse les clients à n’acheter que le strict nécessaire », explique-t-il, tout en soulignant que la demande reste stable parmi les traiteurs, restaurants, hôtels, détaillants et ménages, tous très friands de fraises.
Actuellement, une barquette de 250 grammes se vend entre 1,45 € et 1,90 € sur le marché, et jusqu’à 3,00 € dans les enseignes haut de gamme. Les volumes disponibles devraient augmenter en juin et juillet, à mesure que la saison progresse.
L’expansion des surfaces cultivées en fraises se poursuit en Afrique du Sud, portée par une demande intérieure croissante et un intérêt accru pour les exportations vers le Moyen-Orient, où la demande en fraises est jugée « insatiable ».
Égypte : saison rude pour les fraises fraîches, les exportateurs misent sur le surgelé
En Égypte, la saison des fraises fraîches, qui s’est déroulée de novembre à mars, a été marquée par une demande massive. Toutefois, les prix n’ont pas répondu aux attentes des exportateurs. Face à cette situation, bon nombre d’entre eux se sont tournés vers la transformation surgelée plus tôt qu’à l’accoutumée, dès la fin novembre au lieu de la période habituelle de janvier-février. En début de campagne, les exportateurs avaient fixé des prix élevés afin de compenser la hausse des coûts de production. Ainsi, les prix de départ étaient nettement supérieurs, parfois deux fois plus élevés que ceux du lancement de la saison précédente.
Malgré cette stratégie, les prix se sont effondrés dès la première semaine, enregistrant une baisse de près de 70 %. Cette chute brutale a été attribuée à une demande insuffisante et à une résistance du marché face aux prix pratiqués. Le pic de la demande s’est concentré entre novembre et janvier, principalement en Europe, dans les pays arabes et certaines destinations asiatiques. En dehors de cette période, le marché des fraises fraîches égyptiennes est resté extrêmement limité.
La campagne 2024-2025 s’est donc révélée difficile pour le secteur égyptien des fraises fraîches, plombé par la faiblesse des prix et le poids croissant des coûts de production. De nombreux exportateurs se sont ainsi tournés vers les fraises surgelées, considérées comme une alternative plus rentable. Ce segment est devenu une véritable planche de salut, avec des volumes d’exportation estimés à 350 000 tonnes.
Maroc : recul de l’industrie de la fraise au profit d’autres cultures
Au Maroc, l’industrie de la fraise est en net repli, de nombreux producteurs délaissant cette culture au profit de productions jugées plus rentables, telles que les myrtilles ou les avocats. La surface consacrée aux fraises a fortement diminué, passant de 3 700 hectares en 2022 à seulement 2 300 hectares en 2025. Cette réorientation est principalement due à une concurrence de plus en plus vive, qui a exercé une pression sur les prix, tandis que les fraises marocaines restent 10 à 15 % plus chères que leurs concurrentes égyptiennes.
Traditionnellement, la saison des fraises fraîches marocaines s’étend jusqu’à fin mars, moment où des droits de douane sont appliqués aux importations en Europe, incitant à une transition vers le surgelé. Toutefois, cette année, la campagne de fraises fraîches s’est achevée prématurément pour la majorité des exportateurs, dès la première semaine de mars. Des pluies abondantes à Larache ont endommagé les récoltes et perturbé les exportations, aggravant la situation du secteur.
Les producteurs doivent également faire face à d’autres défis : dégradation de la qualité des plants, recrudescence des maladies et pénurie de main-d’œuvre au moment des pics de récolte. Ces difficultés viennent s’ajouter à un climat général d’incertitude. Un représentant d’un producteur n’a pas caché son inquiétude : « Je suis particulièrement pessimiste quant à l’avenir de l’industrie de la fraise au Maroc. »
Thème suivant : les oranges